lundi 27 avril 2015

Danse avec le vent..

Mercredi dernier, j'ai eu le plaisir d'assister à la représentation de la compagnie Non Nova, "Vortex", spectacle interprété par Phia Ménard. Cette artiste a réussi l'exploit technique de créer une pièce d'un nouveau genre inclassable, entre théâtres, danse et art du cirque. Faits d'enchaînements composés de duos et solos avec comme seul partenaire de jeu de la manière plastique animée par des courants d'air provoqués par des ventilateurs placés tout autour de la scène.

Il faut dire, la prouesse technique est extraordinaire. Nous avons tous un jour ou l'autre admiré la belle danse que fait un sac en plastique emporté par le vent. Instant de danse improvisée, que Phia Ménard et sa compagnie par un travail qu'on imagine titanesque, recrée et dirige tel un marionnettiste le ferait avec des courants d'air à la place des fils. 
Un danseur qui regarde ces bonshommes en plastique faire un véritable duo sur l'air de Debussy en prend un coup, cette expressivité qu'il cherche des heures durant dans un studio se voit exprimée avec autant de vigueurs par quelques simples personnages faits de sacs en plastiques animés par des courants d'air. On y gagne en modestie...

Ce travail technique est d'autant plus remarquable que l'habilité qu'il nécessite n'est pas ressentie, elle est au service du récit, l'histoire d'une transformation physique et intellectuelle d'un homme en femme. Je dois vous confesser que le thème, maintes fois abordé dans la danse, ne m'attirait pas. Si les photos du spectacle m'interpellaient par son esthétique, le pitch qui s'y referait me rappelait des spectacles de danse contemporaine des années 80/90, peu travaillés, conceptuels et psychodramatiques, qui, s'ils avaient le mérite de servir thérapie à l'interprète, avaient le défaut d'ennuyer le spectateur qui partait avec une chape de plomb sur la tête.
Rien de tout ça ici. Au-delà' du fait que l'expression de Phia Ménard dégage une véritable puissance qui rappelle des passages de "Ecce Homo" du philosophe Allemand F. Nietzsche :

 "Au plaisir que nous procure l'individu bien conformé : ce qu'il est taillé d'un bois à la fois dur, tendre et parfumé. Il n'aime que ce qui lui fait du bien ; son plaisir et son envie cessent dès qu'il dépasse la limite de ce qu'il lui faut. Si quelque chose lui nuit, il devine le remède ; il fait tourner la mauvaise fortune à son profit ; tout ce qui ne le tue pas le rend plus fort. II fait instinctivement son miel de tout ce qu'il voit. entend et vit ; il est un principe de sélection, il laisse tomber bien des choses..."

La mise en scène de Phia Ménard est finement travaillée de manière à nous emporter avec elle dans le tourbillon d'une transformation, d'une quête d'infini, faite de succession d'étapes, de douleurs, de libérations et d'accouchements successifs. Tourbillons d'émotions qui nous poussent à nous interroger sur ce qui nous anime et nous compose. La réflexion est induite par ce que le spectacle provoque en nous. On en sort en emportant avec soi une énergie de volonté, d' interrogations et de trouble...

Spectacle à voir ! 

Site internet : http://www.cienonnova.com/








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